Alex Todorov |
Ce qui précède constitue la dimension psychologique et sociologique des recherches évoquées. La dimension neurologique (qui sort du cadre de cet article) s'est intéressée aux parties du cerveau activées par le processus d'évaluation de la compétence accordée à la personne dont la photo était montrée.
Deux facteurs interviennent dans l'opinion ainsi forgée : les traits du visage, et son expression. Ainsi, il suffit par exemple que les sourcils soient naturellement relevés ou froncés pour que l'émotion perçue soit, même inconsciemment, positive ou négative, et donc associée (toujours inconsciemment) à des intentions amicales ou hostiles. Par ailleurs, un visage aux traits plus mûrs évoquera la compétence et l'autorité, alors qu'un visage aux traits plus juvéniles évoquera peut-être la chaleur et la sympathie, mais aussi une personnalité plus naïve ou faible. A tort ou à raison.
La conséquence de ces phénomènes est que, quel que soit le soin apporté à la rédaction de votre CV, aussi bien sur la forme que sur le fond, le recruteur qui l'aura entre les mains aura déjà une opinion (bonne ou mauvaise), dès qu'il aura vu votre photo, et avant même d'en avoir lu la première ligne ! Dans ces conditions, il vaut mieux éviter d'intégrer une photo à votre CV, sauf si c'est expressément demandé par l'annonce.
Lionel Ancelet
Aller plus loin :
- Evaluating face trustworthiness: a model based approach
- Impression formation : a focus on others' intents
S'il faut "33 millisecondes (soit environ un trentième de seconde) à quelqu'un pour décider s'il peut faire confiance à quelqu'un" en toute franchise, autant que ce soit sur le CV et que cela évite au candidat un déplacement coûteux et inutile. Car les mêmes a priori seront selon toute vraisemblance répliqués lors de l'entretien ...
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire... provocateur. A ce compte-là, le candidat devrait aussi préciser son âge, le nombre et l'âge de ses enfants, et toute information lui évitant "un déplacement coûteux et inutile" ! Plus sérieusement, une fois que le candidat est face au recruteur, il lui reste une chance de convaincre, chance qu'il n'aura même pas s'il a été écarté a priori pour de mauvaises raisons.
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