Dans un précédent article, nous avons vu
comment identifier sa passion. Décider de faire de sa
passion son travail semble une bonne idée. Peut-être même est-ce déjà le cas : un feu sacré vous anime, vous faites preuve d'une
motivation sans faille, d'une
énergie phénoménale, d'une
productivité incroyable. Donc, tout va bien. Pourtant, il existe deux manières d'être passionné. L'une d'entre elles peut vous emmener toujours plus haut, toujours plus loin. L'autre, au contraire, peut précipiter votre chute.
D'après une équipe de
chercheurs en psychologie à Montréal (Canada),
il existe deux sortes de passion :
harmonieuse et
obsessionnelle. Tout d'abord, une passion peut être définie comme une forte
attraction pour une
activité en tant que telle, une activité à laquelle une personne aime s'adonner, et dans laquelle elle est prête à investir beaucoup de temps et d'énergie. De ce fait, cette activité devient généralement partie intégrante de l'
identité de la personne : quelqu'un qui passe le plus clair de son temps à photographier se considère généralement comme un photographe.
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| Intégration harmonieuse |
Cette
intégration de l'activité au sein de l'identité peut s'effectuer de deux manières. S'il s'agit d'une intégration
harmonieuse, l'activité occupe une place importante, mais non exclusive, au sein de l'identité. Elle cohabite avec d'autres aspects de l'identité. La personne est capable d'assimiler des informations aussi bien positives que négatives à propos de cette activité,
sans réaction défensive. L'exercice de l'activité est le plus souvent associé à des
émotions positives, et à un
niveau de concentration optimal. S'il s'agit d'une intégration
obsessionnelle, l'activité occupe une place dominante, quasi-exclusive, au sein de l'identité. La personne a le sentiment de ne pas pouvoir s'empêcher de s'y adonner, au point d'éclipser toute autre activité. L'exercice de l'activité est alors associé à des
émotions négatives, comme la
culpabilité (de ne pas consacrer plus de temps à d'autres activités), et la concentration tend à fluctuer. La personne ressasse fréquemment des pensées à propos de cette activité. Si elle est remise en cause, ou si la compétence de la personne à l'exercer est mise en doute, sa
réaction émotionnelle peut entraîner des violences verbales, voire physiques. En effet, la cohérence de son identité dépend de la possibilité d'exercer l'activité qui la passionne, et de la
compétence reconnue par l'entourage. Si cette cohérence est menacée, la réaction peut être défensive, voire agressive. Ce phénomène a été par exemple constaté chez des individus animés d'une passion obsessionnelle pour la conduite automobile.
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| Intégration obsessionnelle |
Dans le cas d'une intégration harmonieuse de la passion au sein de l'identité, sa solidité est largement indépendante de l'opinion d'autrui. Dans un cas, l'énergie qui alimente la passion est une
énergie lumineuse et positive, le pur plaisir de s'adonner à une activité. Dans l'autre, il s'agit d'une
énergie sombre et négative, une sorte de fuite en avant visant à conjurer une image de soi instable.
Utilisé dans la sphère professionnelle, quelles leçons peut-on tirer de ce modèle appelé
DMP (
Dualistic Model of Passion) ? Tout d'abord, une passion obsessionnelle pour son travail peut mener tout droit au
burnout, alors que la passion harmonieuse est un facteur de
satisfaction professionnelle. De plus, la passion harmonieuse, en laissant de la place pour d'autres activivités et centres d'intérêts, est un facteur de
flexibilité et de
créativité, alors que la passion obsessionnelle risque d'entraîner une
rigidité et de susciter une persévérance qui confine à l'entêtement, voire à... l'
obsession.
Et vous, de quel type est la passion qui vous anime, notamment dans votre travail ? En tirez-vous une
satisfaction intrinsèque, ou bien travaillez-vous avec acharnement uniquement pour prouver quelque chose ? Avez-vous
du mal à décrocher, ou bien êtes-vous capable de tirer du plaisir d'autres activités ?
Ecrit par
Lionel Ancelet
Crédit photos :
Deviant Art
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