ABC Compétences

28 juillet 2011

Le perfectionnisme, un ami qui vous veut du mal !

Les perfectionnistes sont parmi nous ! Leur credo : il est possible, et même souhaitable (voire indispensable) d'atteindre la perfection. Comment savoir si vous en faites partie ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette attitude ? Y a-t-il moyen d'adopter une approche de la vie qui soit plus mesurée ?
Crédit photo : Deviant Art
Parmi les traits de caractère suivants, quels sont ceux dans lesquels vous vous reconnaissez ?
  • Quand vous vous attelez à une tâche, vous êtes prêt à passer le temps nécessaire pour que le résultat soit parfait, c'est-à-dire exempt de tout défaut.
  • Il vous arrive de passer énormément de temps pour terminer une tâche, même si vous devez y passer la nuit.
  • Votre entourage est parfois surpris du temps que vous consacrez à certaines tâches.
  • Vous êtes très critique vis-à-vis de votre propre travail.
  • Si le résultat n'est pas à la hauteur de vos attentes, vous passez beaucoup de temps à réfléchir aux raisons qui vous ont empêché d'y parvenir.
  • Si une tierce personne critique votre travail, vous vous mettez facilement sur la défensive.
  • Vous êtes plus attentif au résultat final qu'au processus qui permet de l'atteindre.
  • Vous préférez renoncer à entreprendre quelque chose si vous n'en maîtrisez pas tous les aspects et risquez d'arriver à un résultat imparfait.
  • Vous évitez les situations dans lesquelles vous pourriez donner l'impression de ne pas être parfait.
Si vous vous reconnaissez dans la plupart de ces descriptions, il est probable que le perfectionnisme ait une certaine emprise sur votre vie.

Comment peut-on en venir à laisser le perfectionnisme s'installer dans notre existence au point de la rendre invivable ? De multiples scénarios sont possibles, mais l'on retrouve fréquemment les éléments suivants :
  • Un désir constant de se surpasser ;
  • Une pression (consciente ou inconsciente) de l'entourage, qui peut remonter à l'enfance (parents, enseignants, collègues, supérieurs...) ;
  • Une confiance en soi insuffisante.
Crédit photo : Flickr
En théorie, rechercher la perfection peut sembler être une bonne idée, gage de qualité d'un travail bien fait. Dans la pratique, le perfectionnisme est souvent contre-productif.
  • Il fait chuter la productivité : le temps passé à vérifier et revérifier le moindre détail est perdu pour les autres tâches en attente.
  • Il provoque la procrastination : on attend d'avoir assez de temps devant soi pour pouvoir se consacrer à la nouvelle tâche, ou d'avoir suffisamment d'informations... avec bien souvent pour conséquence de repousser indéfiniment le démarrage du projet.
  • Il engendre un manque de recul : à force de se concentrer sur les détails, on en oublie la vue d'ensemble, et l'on se focalise sur le résultat final au détriment du processus et de tout ce qu'il apporte en terme d'apprentissages, de rencontres, d'expériences. 
  • Il crée le risque de la stagnation : à trop éviter les situations dans lesquelles on n'est pas assuré de maîtriser le résultat final, on reste dans sa zone de confort, perdant ainsi de belles occasions d'apprendre.
  • Il peut nuire à votre santé : à vouloir à tout prix chercher à atteindre une perfection qui n'existe pas, on risque de consacrer tout son temps et son énergie à son travail et à ses projets, au point de négliger son alimentation, son temps de sommeil, ses loisirs et ses occasions de détente. 
  • Il peut dégrader la qualité de vos relations, voire les détruire : le perfectionnisme vous incite non seulement à être critique vis-à-vis de vous-même, mais aussi des autres, qui pourront finir par se lasser de votre manque de disponibilité, et de ce qu'ils perçoivent comme une rigidité excessive.
Crédit photo : Flickr
Alors, comment apprivoiser ce perfectionnisme qui squatte votre existence, pour s'en faire un allié plutôt qu'un ennemi ?
  • Réfléchissez à ce qui vous a poussé à accueillir le perfectionnisme dans votre vie. Y a-t-il (ou y a-t-il eu) dans votre entourage des personnes dont le programme de vie était "Sois parfait" ? Comment le perfectionnisme s'y est-il pris pour vous convaincre de le laisser diriger votre existence ? Comment vous y prenez vous quand vous arrivez à vous libérer, même temporairement, de son emprise ? 
  • Visez l'excellence plutôt que la perfection. Viser l'excellence,  c'est vouloir faire de son mieux pour satisfaire le destinataire de votre travail (client ou collègue). Chercher la perfection c'est viser une cible qui n'existe pas.
  • Choisissez vos batailles : toutes les tâches ne méritent pas le même soin, ni qu'on y passe beaucoup de temps. Sachez faire la différence entre l'important, l'urgent... et le superflu.
  • Apprenez à déléguer : à vouloir tout faire vous-même "pour être sûr que ce sera bien fait", vous vous surchargez inutilement, et vous privez d'autres personnes d'occasions d'apprendre. Prenez le temps de leur montrer comment s'y prendre, et vous gagnerez par la suite un temps précieux !
  • En cas d'erreur, ou même d'échec, soyez indulgent avec vous-même. Vous avez fait de votre mieux, et l'erreur est humaine. Commettre une erreur est même une excellente façon d'apprendre.
  • Acceptez le fait que certaines choses ne dépendent pas de vous : vous ne pouvez pas changer le passé, ou l'opinion d'autrui. Concentrez-vous sur ce qui dépend de vous.
  • Prenez de l'altitude : le recul vous donnera une vision d'ensemble, et vous permettra de relativiser l'importance de ce qui vous tracasse. Vu de la Lune, ou bien 100 ans dans le futur, est-ce que ce sera vraiment tellement important ?
  • Appréciez l'ensemble du processus. Il ne s'agit pas de perdre de vue l'objectif, mais de savourer chaque étape : quand vous faites un bon repas, prenez-vous le temps de déguster chaque bouchée, ou bien ne songez-vous qu'à vous remplir le plus vite possible l'estomac ?
  • Quand vous atteignez votre objectif, félicitez-vous, et accordez-vous une récompense !

Et vous, abritez-vous, dans un recoin de votre esprit, un hôte indésirable appelé perfectionnisme ?

Ecrit par Lionel Ancelet

Librement adapté de "Overcoming Perfectionism in 8 Steps" par Celestine Chua, et enrichi d'un regard narratif. 

Note (10/08/2011) : pour une introduction claire et détaillée, vous pouvez vous reporter au site que Médiat-Coaching a consacré aux pratiques narratives.

    3 commentaires:

    1. bonjour, qu'entendez-vous par un regard narratif?

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    2. Bonjour, ce "regard narratif" fait référence à l'approche narrative, dont un des concepts-clés est "l'externalisation du problème" : la personne n'est pas le problème, le problème est le problème. Dans le cas du perfectionnisme, on le considère donc comme un problème extérieur qui essaie d'influencer la personne, et auquel il est possible de résister, alors qu'une personne qui se dit "je suis perfectionniste" va s'identifier à son problème et il lui sera beaucoup plus difficile de prendre de la distance par rapport à lui. Derrière son apparente simplicité, c'est une idée très puissante!

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    3. L'article est aussi parfait que les commentaires!
      Combien de temps avez-vous passé à les rédiger?
      :-p
      Je suis arrivé à celui-ci via celui sur la procrastination, je confirme tout des deux…
      Reste à m'en sortir.
      Merci.

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