ABC Compétences

15 septembre 2012

Procrastination : causes et remèdes

cc - Hang in There
Procrastiner, c'est remettre au lendemain ce que l'on pourrait faire le jour même. Ecrire un texte, créer un document, préparer une présentation, réviser une leçon... certaines tâches semblent se dérober à nous, même si nous savons, au fond de nous, qu'il faudra bien finir par les mener à bien. Qu'est-ce qui nous retient ? Le plus souvent, ce sont des croyances et des peurs. C'est en identifiant ses croyances et ses peurs que l'on peut apprivoiser la procrastination, pour enfin mener à bien ses tâches avec plaisir.

Les causes les plus fréquentes de la procrastination

cc - Open Democracy

  • Le perfectionnisme : je veux fournir un travail parfait, et pour cela je dois disposer de toutes les informations nécessaires, de toutes les ressources indispensables, d'un temps suffisant pour accomplir la tâche de A à Z... Malheureusement, ces conditions idéales sont rarement réunies, et attendre qu'elles le soient nous conduit à attendre la dernière minute pour entreprendre ce que nous avons à faire.
  • La peur de l'échec : en n'agissant pas, j'écarte le risque d'échouer. En remettant à plus tard je repousse le moment d'affronter la difficulté de la tâche à accomplir.
  • La peur du succès : en faisant preuve d'excellence, je risque d'attirer l'attention, de recevoir des compliments... et j'ai horreur de ça !
  • La croyance que le temps est une ressource infinie : si je n'ai pas trouvé le temps aujourd'hui, je pense que je le trouverai demain. Mais demain, d'autres imprévus viendront remplir ma journée.
  • La peur du risque, c'est-à-dire d'affronter une situation dans laquelle certains aspects échappent à mon contrôle.
  • La croyance qu'aucune partie de la tâche à accomplir ne doit demander un effort. Alors que certains aspects demanderont du temps et de l'énergie.
  • La croyance que travailler sous pression améliore la productivité : l'adrénaline qui se déverse dans mon sang à cause du stress de l'échéance qui approche peut me faire croire que je suis plus rapide et plus efficace.
  • La croyance qu'en remettant à plus tard je libère du temps pour d'autres tâches : mais s'agit-il vraiment de tâches importantes ?
  • Une excuse à la médiocrité : si au bout du compte je fournis un travail médiocre, je pourrai toujours blâmer sa piètre qualité sur le manque de temps, et je ne risquerai pas de mettre en évidence mon manque d'implication ou de compétences.
  • L'hostilité vis-à-vis de la personne pour qui nous devons mener à bien cette tâche : si mon chef, ou le collègue qui a besoin de ce tableau Excel m'est antipathique, je peux être tenté de manifester mon antipathie en traînant des pieds...
  • L'ampleur de la tâche : si ce projet me semble pharaonique, et que je ne sais pas par quel bout le prendre, je peux me sentir submergé et paralysé.
  • Le manque d'intérêt : si compiler ces données pour mon reporting mensuel me semble totalement dénué d'utilité, il y a fort à parier que j'attendrai le plus tard possible pour m'y mettre.
  • La dispersion : j'ai l'impression d'être tellement efficace en étant multitâche, en zappant d'une activité à l'autre, en vérifiant mes emails toutes les cinq minutes... sans me rendre compte que je confonds agitation et efficacité.

Les conséquences de la procrastination

cc - S.P. Duchamp
  • Le stress, déjà évoqué. Disposer tout juste du temps nécessaire pour mener une tâche à bien ne manque pas de créer un stress intense : il n'y a plus une minute à perdre !
  • Les émotions négatives. Le stress ressenti peut induire des émotions et des comportements tels que l'impatience, l'aggressivité, la culpabilité. 
  • La baisse de qualité. En attendant la dernière minute, on peut être tenté de prendre quelques raccourcis : ne pas prendre le temps de relire un texte, de consulter des instructions, de prendre l'avis d'un tiers, de vérifier une information... Au final, le travail fourni ne sera peut-être pas à la hauteur de nos connaissances et de nos compétences.
  • La réprobation : si le résultat de notre travail est indispensable à d'autres personnes pour accomplir leurs propres tâches, et s'il n'est pas à la hauteur de leurs attentes, elles pourront éprouver de la déception, voire du ressentiment à notre égard.

Déjouer la procrastination

cc - Marcus Q
La procrastination, c'est un peu comme une petite voix qui essaie de nous convaincre que nous avons mieux à faire que de nous atteler à cette tâche, que ça n'est pas si grave, qu'il est urgent d'attendre pour affronter ce risque... Le plus surprenant, c'est qu'il nous arrive même de procrastiner pour des tâches que nous aurions pourtant plaisir à accomplir, et que nous désirons sincèrement mener à bien. Alors, pourquoi les remettre à plus tard ? 
C'est souvent que notre désir est contrarié par une émotion plus forte encore : la peur (du risque, de l'échec, du jugement d'autrui, de la difficulté...) Il convient dans ce cas d'identifier le motif de la peur, sans hésiter à aller au fond des choses. Pour ce faire, il est utile, après avoir évoqué une première cause, presque toujours superficielle, de l'analyser en posant la question "pourquoi ?" ou "c'est-à-dire ?", ou toute autre question pertinente, plusieurs fois de suite si nécessaire.
Par exemple : je repousse le moment de préparer cette présentation, parce que je n'ai pas envie.
C'est-à-dire ? J'ai peur de ne pas y arriver.
Pourquoi ? J'ai peur de ne pas être à la hauteur.
A la hauteur de quoi ou de qui ? Des orateurs professionnels que j'ai vu à la télé.
C'est-à-dire ? Ils ne se laissent pas démonter par les questions difficiles.
Et alors ? Je ne pourrai jamais maîtriser mon sujet au point de pouvoir répondre à toutes les questions.
Et alors ? Je risque de perdre la face. De passer pour un incompétent.
Et ainsi de suite. Dans l'exemple ci-dessus, c'est oublier que les orateurs professionnels qui m'impressionnent tant ne sont pas devenus excellents du jour au lendemain, et que c'est en pratiquant régulièrement qu'ils se sont améliorés. Et surtout, qu'ils sont probablement sujets au trac avant de monter sur scène pour animer leur présentation.

cc - Enid Yu
Analyser sa peur peut permettre de l'apprivoiser et de la faire diminuer. De même, il peut être utile de bien identifier son désir pour le cultiver et l'amplifier. Si j'ai envie de faire cette présentation (même si cela me fait peur), c'est sans doute qu'elle est en phase avec mes valeurs : le plaisir du contact et de l'échange, l'envie de partager et de transmettre, voire d'être une source d'inspiration. C'est en se reconnectant à ses valeurs que l'on peut retrouver la sérénité et la force nécessaires pour affronter des tâches peut-être difficiles, mais gratifiantes. Et de remettre la procrastination dans sa cage.


Source des images : flickr.com (licence Creative Commons)




2 commentaires:

  1. Bravo et merci pour cet article.
    Cela faisait longtemps que j'avais envie d'écrire sur la procrastination mais j'avais un peur que quelqu'un comme vous ne le fasse d'une façon plus documentée et experte.

    Xavier

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  2. bravo au commentaire plein d'humour !!!

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