ABC Compétences

19 septembre 2011

Dire que l'on est "fait pour un métier", est-ce que cela a un sens?

Si la pratique des bilans de compétence démontre une chose, c'est que l'on n'est pas "fait" ou "pas fait" pour un métier. Etre "fait" pour un métier, cela supposerait un déterminisme auquel il serait impossible d'échapper : notre destin serait ainsi tout tracé, certains métiers nous sourieraient, d'autres nous seraient fermés à tout jamais. Cela supposerait également qu'à un métier donné correspondrait un profil donné. Certains tests de recrutement sont d'ailleurs basés sur cette idée, et vérifient si le profil d'un candidat est compatible avec celui, idéal, du poste visé...



Capsule Mercury
Or, il n'y a que dans les contes pour enfants que les fées (ou les sorcières) se penchent sur le berceau du héros ou de l'héroîne en devenir, pour lui attribuer qualités et défauts, forces et faiblesses, une fois pour toutes, pour le reste de sa vie. Et, si tous ceux qui exercent un métier donné étaient véritablement identiques et interchangeables, n'aurions nous pas alors affaire à des clones ?
Bien sûr, il ne s'agit pas de prétendre que n'importe qui peut exercer n'importe quel métier : certaines aptitudes peuvent être difficiles, voire impossibles, à développer. De même, certaines limitations physiques sont incontournables. Par exemple, la taille maximale pour pouvoir devenir astronaute est de 1m80, en raison de l'exiguïté de certaines capsules spatiales. Mais, hormis certains métiers bien particuliers, la majorité des métiers peut être exercée par la majorité des individus.
Alors, quel sens donner à l'expression "être fait pour un métier" pour que, précisément, elle ait un sens ? Ne pourrait-on pas affirmer qu'être fait pour un métier, cela signifie détenir à la fois les compétences et les motivations nécessaires à l'exercice fructueux de ce métier ? Par fructueux, on entend que le métier est exercé avec plaisir et avec succès (le succès ne se mesurant pas nécessairement à l'argent qu'il rapporte, mais à la valeur qu'il ajoute, au service rendu). Si tel est le cas, alors on peut affirmer que la plupart des métiers sont accessibles à la plupart des individus.
En effet, les compétences peuvent s'enrichir tout au long de la vie : il est possible d'acquérir de nouvelles connaissances (par exemple, apprendre une nouvelle langue), de maîtriser de nouveaux savoir-faire (par exemple, apprendre à utiliser un nouveau logiciel ou un nouvel équipement), et même de développer de nouveaux talents personnels (par exemple, apprendre à mieux planifier et organiser ses tâches). De même, les motivations peuvent évoluer au cours de la vie : nos intérêts professionnels peuvent se tourner vers de nouveaux types d'activités, nos valeurs professionnelles (ce qui est important pour nous et donne du sens à notre travail) peuvent changer, et même nos modes de fonctionnement (ce qui caractérise notre personnalité) peuvent s'enrichir au fil du temps.

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Pour toutes ces raisons, une affiche comme celle-ci, que l'on peut voir actuellement dans le métro parisien, présente de nombreux aspects contestables : elle affirme que l'on est fait (ou pas) pour un métier, que choisir un métier est... un risque ! Et elle suggère qu'un astronaute sujet au mal de l'espace doit renoncer à exercer ce métier. Or, Neil Armstrong lui-même (le premier être humain à marcher sur la Lune, en 1969), a souffert de violentes nausées lors de ses premières missions dans l'espace... Si la NASA avait décidé de l'écarter du programme spatial, l'histoire de l'exploration lunaire en aurait été changée !

Auteur : Lionel Ancelet




1 commentaire:

  1. On peut plus facilement retrouver son bonheur dans un certain type de métier. Et ce n’est pas banal que de le savoir. Certains, ayant un potentiel artistique au dessous de la moyenne, pourraient devenir de mauvais et malheureux comptables. C’est sûr que l’homme est capable de tout, il pourrait même se donner la mort par un malheureux choix personnel.

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