Questions / Réponses sur les nouvelles priorités de financement du FONGECIF Ile-de-France depuis le 1er février 2011.
Maud Gelade, vous êtes à la tête du cabinet ABC Compétences. Pouvez-vous nous le présenter en quelques mots ?
Notre cabinet existe depuis 15 ans. Notre cœur de métier est d’accompagner les personnes dans leur évolution professionnelle, qu’il s’agisse de mobilité interne ou externe, d’orientation ou de ré-orientation, ou de reconversion. Plus généralement, nous aidons les individus à choisir plutôt qu’à subir les changements qui surviennent inévitablement dans toute trajectoire professionnelle.
Donc, le bilan de compétences, c’est votre spécialité ?
C’est notre principale spécialité, et notre professionnalisme dans ce domaine est d’ailleurs reconnu par la plupart des OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés, qui financent la formation professionnelle, dont le bilan de compétences est un élément essentiel). Nous sommes agréés par le FONGECIF, l’AFDAS, MEDIAFOR, l’ANFH, AGECIF-IEG, pour ne citer que les principaux.
Justement, le FONGECIF Ile-de-France a modifié les critères de prise en charge des bilans de compétences depuis le 1er février 2011. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les changements interviennent à plusieurs niveaux : critères liés au salarié qui effectue sa demande, critères liés au financement du bilan de compétences, critères liés au centre de bilan choisi par le salarié. En effet, depuis le 1er février 2011, le FONGECIF a considérablement restreint les priorités.
Concernant le salarié demandeur, la durée minimum d’années d’expérience professionnelle requises passe de 5 ans à 10 ans, avec une priorité accordée seulement à partir de 20 ans d’expérience professionnelle. Ce qui est très étonnant avec cette nouvelle règle, c’est que la loi (Article L6322-42) stipule pourtant que cinq ans d’expérience professionnelle suffisent pour être éligible à un congé individuel de formation en vue de la réalisation d’un bilan de compétences. Il ne serait donc pas surprenant que des salariés soucieux de faire respecter leurs droits opposent cet article de loi au FONGECIF si leur demande de financement venait à être refusée sur la base de ce critère. D’autant plus qu’un bilan de compétences s’avère souvent nécessaire bien avant 20 ans de carrière !
Autre changement de taille : la participation au financement. Auparavant, le coût du bilan de compétences était pris en charge intégralement par le FONGECIF, à l’exception de 50 euros supplémentaires qui pouvaient être demandés aux salariés effectuant leur bilan sur leur temps de travail. Désormais, une participation allant jusqu’à 20% du coût du bilan sera exigible auprès du salarié, en fonction de ses revenus. Dans certains cas, cela peut revenir à multiplier par neuf la participation financière du salarié !
Par neuf ! Cela semble énorme. Pouvez-vous être plus précise ?
Auparavant, un salarié pouvait se voir réclamer 50€ de participation, ainsi que je l’ai expliqué. Désormais, s’il frappe à la porte d’un cabinet dit « partenaire », et que son salaire permet, selon les nouvelles règles du FONGECIF, de lui réclamer 20% du coût de la prestation (soit 2250€), cela représente tout de même 450€, soit une multiplication par neuf !
Le coût n’est-il pas le même avec tous les cabinets ?
Non, il y a deux niveaux de prix. Les bilans effectués avec un cabinet « partenaire » sont pris en charge par le FONGECIF IDF à hauteur de 2 250€ contre 1 750€ pour les cabinets non partenaires.
Concrètement, quelle est la différence pour un salarié ?
A part le prix, il n’y a pas de réelle différence dans le professionnalisme des intervenants ou dans la qualité de la prestation qui aura la même durée et fera appel à une méthode et à des outils agréés par le FONGECIF. Un cabinet qui ne respecterait pas le cahier des charges du FONGECIF, ou les textes de loi qui encadrent le Bilan de compétences, et qui visent notamment à protéger la vie privée des salariés, perdrait automatiquement son habilitation. Et un cabinet qui n’aurait pas à cœur d’accompagner avec respect, engagement et professionnalisme les salariés qui font appel à lui se retrouverait rapidement sans clients : le bouche-à-oreille va très vite, vous savez…
Pensez-vous que ces nouveaux critères vont décourager les salariés désireux de réaliser un Bilan de compétences via le FONGECIF ?
Oui, j’en suis même convaincue ! En effet, comparé à l’année dernière, nous avons reçu ce mois-ci beaucoup moins d’appels de salariés désirant rencontrer un consultant au vue de réaliser un Bilan de compétences financé par le FONGECIF IDF. Et il semblerait que ce soit pareil pour les autres cabinets d’Ile de France, partenaires ou non.
Il est évident que les nouveaux critères déstabilisent les salariés : en ce qui nous concerne, plus de 80% de notre public habituel n’est plus éligible !
Auriez-vous un conseil à formuler à destination des salariés pour le montage de leur dossier de demande de financement ?
Les dossiers de demande de prise en charge de Bilan de compétence passent régulièrement en commission paritaire avec un budget alloué. On peut supposer que le FONGECIF ne reçoit actuellement pas ou peu de demandes de prise en charge ; vous pouvez donc sans hésiter envoyer votre dossier, puisque les critères de priorité du FONGECIF ne sont pris en compte que lorsque le montant total des demandes dépasse le budget alloué par la commission.
Pour terminer, auriez-vous un conseil à formuler à destination des salariés qui envisagent d’effectuer un bilan de compétences ?
Tout d’abord, de choisir un centre de bilan qui soit pratique d’accès pour eux, c’est-à-dire à proximité de leur domicile ou de leur lieu de travail. Ensuite, et surtout, de choisir leur centre en fonction du consultant avec qui ils vont effectuer leur bilan. Il est essentiel qu’ils se sentent en confiance, qu’ils soient persuadés de ses qualités humaines et de son professionnalisme. Qu’ils n’hésitent pas à lui poser des questions sur son propre parcours et sur son approche du bilan, afin de mieux le connaître. En fin de compte, et à partir du moment où un cabinet est habilité, c’est la qualité de la relation entre le consultant et le salarié qui déterminera l’efficacité du bilan de compétences, bien davantage que tel ou tel label. C’est pour cette raison que, depuis la création d’ABC Compétences, je me suis toujours entourée de consultants et de consultantes qui ont en commun le respect de l’autre, le souci du travail bien fait, et l’envie d’enrichir constamment leur pratique professionnelle pour répondre aux besoins de nos clients.
Propos recueillis par L.A.
Quelques liens utiles :
Guide pratique du bilan de compétences (FONGECIF IDF) :
Priorités 2011 dans la prise en charge du financement (FONGECIF IDF) :
Liste des centres habilités (FONGECIF IDF) :
Article L6322-42 (Code du Travail) :
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