Echouer permet d'apprendre !

CC - José Saez

Le capitaine d'un navire qui traverserait sans carte un détroit parsemé d'obstacles, récifs et bancs de sable, et qui parviendrait sain et sauf à l'autre extrémité, qu'aurait-il appris de la topographie du lieu ? RIEN. Ainsi que nous le rappelle Francisco Varela : le monde réel ne se manifeste que là où nos constructions échouent. Faut-il donc échouer pour apprendre?

Rappelons-le : le mot échouer a au moins deux acceptions. Dans le langage courant, il signe : rater, ne pas atteindre son but. Dans un contexte marin (ou fluvial), il signifie : toucher le fond, être immobilisé, être jeté sur la côte.

CC - Rosario Flore

Si notre capitaine traverse le détroit dangereux sans toucher le moindre obstacle, il aura certes identifié une route valable (parmi une infinité de possibles), mais ne saura pas si la coque de son navire est passée à un millimètre ou à un kilomètre d'un dangereux récif. Si son navire entre en contact avec un obstacle, il aura acquis une information sur la topographie des fonds sous-marins (selon qu'il s'agit d'un banc de sable aux formes douces, ou d'un récif aux pointes acérées, les conséquences ne seront bien entendu pas les mêmes). En l'absence de tels événements, année après année, ce capitaine pourrait même être considéré comme un excellent navigateur, ayant traversé de nombreux détroits sans avoir jamais eu à déplorer le moindre naufrage. A l'instar d'un conducteur qui grillerait tous les feux rouges et qui, tant qu'il n'aurait pas eu d'accident, en conclurait que cette pratique n'est pas dangereuse...

CC - Steve Jurvetson

Transposé dans l'univers des organisations humaines (entreprises, associations, administrations), notre exemple pourrait devenir celui d'un manager qui volerait de promotion en promotion (peut-être après avoir été identifié comme un "haut potentiel") sans rencontrer de difficulté majeure, et qui perdrait un beau jour tous ses moyens face à un obstacle auquel il n'était pas préparé.

Il pourrait aussi s'agir d'un coach qui, du fait de son jeune âge, ou d'un parcours sans prise de risque ni embûche, manquerait d'expérience pour comprendre les difficultés de ses clients.

Robert Dilts nous a prévenus : la connaissance n'est qu'une rumeur tant qu'elle n'est pas dans les muscles !

Auteur : Lionel Ancelet - Certaines idées exprimées dans cet article ont été inspirées par la formation à la Systémique Dynamique animée par Médiat-Coaching.

Crédit photos : flickr.com (licence Creative Commons)

Voir aussi la page : cadres en difficulté.